Le Parachutage de La Plagne

C’est au début de 1943 que fut constitué le maquis de La Plagne par des patriotes du Canton d’Aime et de ses environs, refusant le joux allemand et le service du travail obligatoire imposé par le régime de Vichy. 

C’est dans la nuit du 10 au 11 Mars 1944 que le parachutage tant attendu par les maquisards eu lieu non loin des pâturages de Plagne Villages. Il fut autorisé par Londres (Opération Raimu) à la suite d’un repérage effectué par un officier de la résistance. Deux lieux furent sélectionnés :  La Plagne et le Quermoz situé au dessus de Hautecour (en Amont de Moutiers). Dans un premier temps, la zone de parachutage de La Plagne fut refusée par l’Etat major en raison des difficultés pour les pilotes anglais. En effet de par son caractère de haute montagne, la descente s’avérait périlleuse pour les aviateurs. 

Pendant l’Hiver 1943-1944,  un officier britannique parachuté à Saint Nazaire en Royan dans le Vercors – le Major Thachwaite (alias Proc ou Henri) – fut chargé de visiter le maquis et d’organiser le parachutage d’armes, d’explosifs et de matériel; les résistants manquant cruellement d’équipement pour faire face à l’ennemi. Au cours de sa visite, l’officier vit l’importance du maquis de notre région et promis d’œuvrer auprès de sa hiérarchie pour répondre aux besoins des maquisards.

Lettre major
   Rapport du Major Thachwaite

Dans la matinée du 10 Mars 1944, l’opérateur radio du maquis écoutant les fameux « messages personnels » de la BBC, entend la phrase « le chapeau à casquette ». Cette phrase annonçant aux résistants qu’un parachutage aurait lieu le soir même. Le message fut confirmé à 19h, témoignant de l’imminence du largage. 

13 forteresses volantes de la Royal Air Force devaient déverser armes et matériel sur le site du Quermoz. Ce terrain présentait cependant de nombreux désavantages. Il était fortement enneigé, peu préparé et il n’existait pas aux alentours de caches en nombre suffisant pour entreposer la cargaison. Le site de La Plagne semblait idéal, en raison de son éloignement des agglomérations mais avec cependant une route d’accès. La mine de Plomb argentifère à Plagne 1800 était quant à elle une cache parfaite et son câble par lequel le minerai était transporté jusqu’en vallée et pouvait être un formidable moyen d’acheminer le matériel en aval. 

Les résistants firent preuve d’initiative pour détourner les pilotes anglais vers le site de La Plagne, distant de celui du Quermoz de 10 kilomètres seulement à vol d’oiseau. Les feux de balisage furent allumés à La Plagne à l’aide de carbure et de dynamite tout droit sortis de la Mine, l’enneigement ne permettant pas d’allumer des feux de bois. 

Les pilotes anglais n’apercevant aucun signal au Quermoz se dirigèrent vers La Plagne. 12 forteresses volantes larguèrent pas moins de 120 containers d’armes. Le pilote de la 13eme, trompé par les feux de l’usine de Pomblière Saint Marcel largua ses containers sur cette dernière. La cargaison fut hélas récupérée par les allemands. Le largage réussi, les résistants durent récupérer les containers sur une large zone en raison des difficultés d’approche pour les aviateurs. 

Container à La Plagne

Container dans les alpages de La Plagne

Pas moins de 704 armes à feu, 1344 grenades, 28 bombes et 177 387 munitions furent récupérés.

Le matériel fut transporté à dos d’hommes, à ski jusque dans les galeries de la mine, trois jours durant par 150 hommes. 

 

Inventaire de la cargaison édité par la résistance 

Après un inventaire rigoureux, chaque section de la résistance locale vint récupérer l’armement qui leur était destiné. La Mine fut également transformée en stand de tir pour mieux connaître les armes récemment parachutées. Les coups de feu étant masqués par les habituels explosions de l’exploitation minière.

Les mines de La Plagne